VI – Esprit de Noël et Musique du Diable font-ils bon ménage ?

Joyeux Noël à vous mes petits elfes à crêtes ! Vous avez été encore nombreux cette année à m’interpeller dans la rue: « O petit père du peuple rock » (ça c’est mes fans stalinistes), « O chantre d’une musique saine, responsable et en circuit court » (mes lecteurs écolos), « O le plus beau rock critic qu’ait porté cette terre » (ça c’est ma maman), « guide-nous vers le bon goût musical ». S’il est bien un moment dans l’année où je me dois de prodiguer ma science, c’est à l’approche de la fin d’année et de l’heure sacro-sainte du Top Album. Chaque revue y passe et nous ne ferons pas exception à la règle. Vous avez pu le constater, depuis leur création, Les Interrockations s’interdisent toute forme de subjectivité ou de mauvaise foi. Notre sélection des meilleurs albums de l’année sera donc en toute objectivité le reflet de la perfection faite rock en cet an de grâce 2022. Une année riche entre retours gagnants (Pixies, Brian Jonestown Massacre), réussites largement encensées (Wet Leg, Fontaines DC) et talents déjà cités dans nos précédentes playlists (La Jungle, Abraxas, Fatima, Los Bitchos, Johnnie Carwash, Les Clopes). Des noms, qui, s’ils nous ont enjaillés, n’auront pas les honneurs de notre sélection finale et le privilège ultime de profiter de notre lectorat composé de dix followers.

A l’heure où vous lirez ces lignes, vous aurez certainement déjà déballé vos cadeaux et, déçus, émis le projet de les revendre sur Internet. Voici les 25 albums contre lesquels vous seriez bien éclairés de les troquer :

Al-Qasar – Who Are We ?

Garage rock psyché mutli-ethnique avec chant en arabe et instruments traditionnels orientaux s’octroyant le luxe de feats avec le guitariste de Sonic Youth et le chanteur des Dead Kennedys. Voilà, tout est dit pour vous aguicher en une phrase.

Baston – La Martyre

À peine remis de Primates sorti en 2019 ? Et bien il est déjà temps de redécoller avec le second opus des bretons, planant toujours entre krautrock et post-punk et retrouver ce talent inégalé pour sampler des interviews de déglingos.

Bodega – Broken Equipment

Du Velvet à Jay-Z en passant par Blondie et les Strokes, le trône musical de la Grosse Pomme n’est jamais resté vacant bien longtemps. C’est au tour du post-punk façon Talking Heads de Bodega de prendre les commandes de la ville. Le new Gang of New York.

Bracco – Dromonia

Désormais signé sur Born Bad Records, le duo parisien est venu fracasser les fêtes de fin d’année avec un dix titres entre rage punk et transe électronique.

caroline – caroline

La tête dans l’espace mais les bottes bien ancrées dans la cambrousse anglaise. Ces huit musiciens inventent le post rock folk traditionnel.

Fontanarosa – Are you there ?

Dès sa sortie en mars, on se doutait que l’album figurerait dans le top de fin d’année. Un indie rock de haute volée aux quelques incursions folk dont la magie ne s’est pas évaporée depuis.

Gaye Su Akyol – Anadolu Ejderi

Altin Gün au repos cette année, c’est la reine d’Istanbul qui se chargera de votre dose de rock anatolien cette année. N’y gagnerait-on pas au change ?

Goat- Oh Death

C’est bien simple, depuis 2012, quand mon fournisseur d’ayahuasca me laisse en rade, c’est vers la musique de GOAT que je me tourne pour avoir ma dose.

Guadal Tejaz – Noche Triste

Envie de disco-kraut aux ambiances incas ? Pour la tournée de peyotl, ça se passe du côté de Rennes.

High Vis – Blending

Tout vous manque des années 90 ? Le retour du sac banane ne vous a pas comblé ? En combinant hardcore façon Fugazi et références mancuniennes à la Stone Roses ou Oasis première époque, le quintet londonien ravira tous les nostalgiques.

Kid Kapichi⁻ Here’s What You Could Have Won

Slaves, Fat White Family, Sleaford Mods et maintenant Kid Kapichi, c’est le retour des grandes gueules au Royaume-Uni. De la gouaille à l’accent bien tranchant, un regard acerbe sur la société britannique et des riffs percutants pour réveiller le working class hero qui sommeille en vous.

Kirk Hammett – Portals

Première escapade solo pour le gratteux de Metallica depuis la création du groupe. Épaulé par le chef d’orchestre déjà aux commandes du live S&M2, Kirk livre quatre titres entre métal symphonique et bande-son fantasmée de films d’épouvantes. Jamais 28 minutes de musique n’ont autant justifié 40 ans d’attente.

Les Vulves Assassines – Das Kapital

Avec leur hymne électro-punk « La Retraite », ces trois parisiennes n’ont qu’un objectif : enfin mettre à jour la playlist de la CGT. Y arriveront-elles ? Pour le savoir, allez manifester en 2023 !

Moin – Paste

Bande-son pour errances urbaines nocturnes.

Party Dozen – The Real Work

Oreilles sensibles, s’abstenir. On n’avait pas entendu un saxophone couiner de la sorte depuis Fun House. C’est gras, ça tabasse et Nick Cave en personne vient même y pousser la chansonnette.

Russian Circle – Gnosis

Personne ne maîtrise comme Russian Circle l’art subtil de faire planer tout en fracassant les tympans. 8ème album pour les maîtres du post-métal et certainement un nouveau sommet dans leur carrière.

Skinshape – Nostalgia

Le terme « feel-good » semble avoir été inventé pour la musique de Skinshape. 40 minutes de pop lumineuse, quasi instrumentale pour vous réchauffer l’âme en cette fin d’année.

The Monsters – Du Hesch Cläss, Ig Bi Träsch

Pour les pauvres âmes qui n’auraient pas encore rencontré le Révérend Beat-Man, il serait temps d’aller à confesse. À jamais le maître incontesté du garage rock suisse allemand !

The Murlocs – Rapscallion

Quand des doux frappadingues s’échappent de King Gizzard pour créer leur propre orchestre, ça donne cet album délicieusement foutraque qui prouve, si besoin était, que la scène rock australienne se porte bien, très bien.

The Vacant Lots – Closure

23 minutes pour ressusciter Alan Vega et le New Order des grandes heures. La caution dance floor de notre sélection.

Viagra Boys – Cave World

Les Viagra Boys sont grands. Les Viagra Boys sont la meilleure chose qui soit arrivée au rock depuis les Stooges. Les Viagra Boys sont des anthropologues punk. Les Viagra Boys ne sauveront pas le monde mais écriront la B.O. qui accompagnera sa chute.

Wo Fat – The Singularity

Parce qu’un top ne saurait être complet sans son représentant stoner, voilà 1h15 de riffs gras et enfumés.

Working Men’s Club – Fear Fear

Et c’est le doublé pour les jeunes mancuniens. Une nouvelle bombe dansante à réveiller tous les fantômes de Madchester qui confirme tout le bien que l’on pensait d’eux depuis leur premier opus.

Wyatt E. – āl bēlūti dārû

« We write music for Gods » peut-on lire sur la bio du trio belge. On ne saurait mieux dire. Ce drone aux accents orientaux vous amènera loin, très loin, à des hauteurs rarement atteintes depuis le Advatic Songs de Om.

Yard Act – The Overload

Ça bouillonne sec Outre-Manche ! Après Shame, Fontaines DC et Squid, c’est au tour de Yard Act de venir réveiller les consciences post-Brexit. Et on tient sûrement les plus caustiques de la bande !

Il est maintenant temps de déballer votre playlist. Et n’hésitez pas à nous signaler dans les commentaires les pépites qui ont certainement échappé à nos radars.