Jimi Hendrix, Jim Morrison, Amy Winehouse, Janis Joplin, Kurt Cobain, Brian Jones, Robert Johnson … Une œuvre musicale ouvrant les portes de la postérité. Un statut aussi maudit que mythique conféré par un décès à l’âge de 27 ans. Mourir jeune prive-t-il vos fans de futurs chefs-d’œuvre ou leur épargne-t-il quelques déceptions ? Le débat reste ouvert. Quoiqu’il en soit, ces sorties de piste prématurées représentent un manque à gagner certain pour l’industrie du disque. Un rocker mort est un rocker qui ne travaille pas. Une entorse même aux valeurs productivistes véhiculées par le gouvernement actuel et qui inquiéterait en plus haut lieu. À quelques jours de la seconde grande mobilisation contre la réforme des retraites, notre équipe de reporters a mis la main sur des documents classés confidentiels et vous offre en exclusivité ces révélations.
Dans son combat pour mettre fin aux privilèges des régimes spéciaux, le gouvernement s’apprête à s’attaquer à un totem du milieu rock : la retraite définitive à 27 ans. Ce droit pour certains de quitter prématurément le monde professionnel pour se vautrer dans les hommages posthumes les plus crasses ou, selon certaines sources bien renseignées, pour partir s’installer sur une île où attendent déjà Elvis et 2Pac. Dans notre société actuelle, le musicien mort à 27 ans représente une épine dans le pied de la machine productiviste, un inconscient s’en foutant joyeusement plein le cornet sans jamais se soucier de ses cotisations. Tout juste le temps d’enregistrer trois ritournelles avant de clamser ; une conception bien individualiste de la solidarité nationale. On imagine bien ces frugalistes, cessant d’être productifs avant leurs 30 ans, coller quelques sueurs froides du côté de Bercy.
C’est en réaction à ces comportements séparatistes que l’Élysée rédige en secret depuis des mois plusieurs amendements à son projet de réforme du système des retraites. Cette mise à jour du projet de loi prévoit des sanctions à l’encontre des intermittents envisageant de décéder avant leurs 64 ans et ce « afin de permettre l’essor de la vie culturelle et la pérennisation du rayonnement de la France de par le monde ». En cas de non respect de cette règle, les artistes se verraient alors nommés Chevaliers des Arts et des Lettres aux côtés de Jenifer et Frankie Vincent, précipitant ainsi une perte totale de crédibilité dans le milieu rock.
Selon nos sources, le gouvernement réfléchirait en outre à faire signer une « Charte King Gizzard » à tous les artistes. Cette charte, nommée d’après ces kangourous déglingués sortant entre un et cinq albums par an depuis 2012, imposerait alors aux musiciens « un rythme de publication à même de soutenir l’économie du pays et raviver le souvenir glorieux de la France du Travail ». Cette charte s’accompagnerait d’une « Clause The La’s » sanctionnant les artistes espaçant de plusieurs décennies chacune de leurs sorties.
Un texte qui ébranlera à coup sûr les fondements sur lesquels sont basés le rock’n’roll ; le droit à mourir jeune étant un des piliers de cette assassine religion polythéiste. Rejoindre le club des 27 à 64 ans relève donc de l’hérésie et soulève de nombreuses interrogations que Paul McCartney, alchimiste pop visionnaire, avait prédites et chantées dès la sortie de Sergent Pepper : « Will you still need me / Will you still feed me / When I’m 64 ». Of course dear, à condition de retourner au turbin. Le désherbage de l’Ile de Wight attendra! Notre playlist du jour ne s’y est pas trompée et ne sera d’ailleurs composée que de cet unique titre « When I’m 64 », chanson ultime sur les plaisirs simples de la retraite.
À une époque où l’on préfère s’indigner que se syndiquer, il est l’heure de s’engager et, par solidarité envers tous les membres de ce club, futurs et passés, manifester pour la retraite à 27 ans !

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