Pas une journée sans qu’un rockologue à la petite semaine ne vienne nous affirmer qu’on n’a jamais fait mieux depuis les trois premiers accords du tout premier single d’Elvis. Pas une journée sans qu’un journaleux allergique à l’originalité ne vienne asséner à un quelconque artiste la mortifère question : « est-ce que vous pensez que le rock’n’roll est mort » ?
Alors que, vous le sachez, nous le sachons, le rock n’est mort que pour ceux qui ont cessé de s’y intéresser. Le bestiau tient même, en ce troisième millénaire, une forme prodigieuse. Open bar sur les magnum opus … pour peu qu’on veuille bien y tendre l’esgourde.
Il est donc grand temps de moucher ces funestes ayatollahs du « rock is dead » ! Voici 27 arguments imparables à leur opposer … histoire de prouver définitivement pourquoi que le rock’n’roll il était plus mieux maintenant que avant :
– parce que Phil Collins n’est plus en activité.
– parce que la faune mondiale se porte bien mieux depuis qu’Ozzy a arrêté de sniffer des fourmis et de décapiter des bestioles avec ses chicots.
– parce qu’avant, les Viagra Boys n’existaient pas. Et le rock’n’roll existait-il vraiment avant les Viagra Boys ? Nous en doutons sincèrement.
– parce que, n’en déplaise à John Lennon, le rock français a maintenant dépassé en qualité le vin anglais. Ou qu’on nous apporte la quille qui nous prouvera le contraire !
– parce que les rockers d’aujourd’hui sont des citoyens respectables alors que ceux d’avant ils faisaient rien que nous défoncer le trou de la sécu’ avec leurs overdoses, dues à leur régime à base d’héroïne et de shots d’essence.
– parce qu’aujourd’hui, on peut se faire péter du crossover musical techno ou hip-hop from outta space. Dans les sixties, c’était featuring musette et point barre.
– parce que pour les aficionados du c’était mieux avant, c’est forcément mieux aujourd’hui puisque aujourd’hui vous pouvez dire que c’était mieux avant alors que quand c’était mieux avant vous pouviez pas dire que c’était mieux avant puisqu’y avait pas d’avant.
– parce qu’aujourd’hui vous pouvez rentrer en festival après une simple palpation du vigile, alors qu’avant vous pouviez vous faire défoncer le crâne par la sécu des Hells Angels sous amphets qui voulaient vous piquer votre came et vos pom’potes.
– parce que nous v’là enfin débarrassés des groupes de rock prog’, désormais aussi rares que les dodos ou les interventions pertinentes de Yann Moix.
– parce que la prétendue suprématie des seventies n’est qu’un mythe. Pas un album de stoner, de post-rock, de grunge ou de néo-métal à se foutre sous la dent ! Et ça ose se proclamer âge d’or !
– parce qu’aujourd’hui, un artiste peut partager ses créations à son public, en un clic et sans intermédiaires. Rockers et maraîchers, même combat ! Circuit court vaincra !
– parce que Lordi à l’Eurovision et Gojira aux J.O. ! Jadis, pour voir autant de métal à la télé, fallait mater la série Robocop …
– parce qu’il y a pas si longtemps que ça, des meufs dans une salle de concert, c’était forcément des groupies. Aujourd’hui, elles ont pris la scène et même que la crème du punk actuel se conjugue férocement au féminin !
– parce qu’aucun rocker contemporain ne s’est vautré dans le consumérisme le plus crasse comme ont pu le faire certaines de nos idoles passées. Iggy pour le Bon Coin, Manoeuvre à la Nouvelle Star, Rotten à Masked Singer ; pas d’oubli, pas de pardon !
– parce qu’avant, pour pécho, fallait attendre que le DJ veuille bien passer Still Loving You à la fin de la boum. Désormais, une petite playlist « ambiance lover caliente » sur Spotify et c’est parti !
– parce qu’on dit que les jeunes foutent plus rien mais allez donc avoir la cadence d’un Ty Segall, d’un King Gizzard ou d’un Osees ! Alors que le dernier album des Doors ou des Animals, à quand qu’il remonte, hein ?
– parce que pirater un album en 2025 est bien plus safe que d’en chourer un chez son disquaire en 1977.
– parce qu’avant, les rock stars c’était rien qu’une bande de prédateurs sexuels. Bon, encore aujourd’hui. Mais moins.
– parce que, niveau rock critic, désormais, vous pouvez vous délecter de la plume chatoyante des Interrockations alors qu’avant, vous deviez vous contenter de Lester Bangs, Nick Kent et Philippe Paringeaux. Tsssss.
– parce que les fous du vinyle peuvent bien dire ce qu’ils veulent, mais c’est quand même moins relou de déménager au 18ème sans ascenseur son pote abonné à Deezer que celui qui collectionne les 33 tours.
– parce qu’après son interdiction au collège, on n’a plus qu’à attendre le départ en retraite de Jethro Tull pour être débarrassé à jamais du fléau de la flûte dans le monde la musique.
– parce qu’aujourd’hui, Iggy, Ozzy et Keith sont de vieux érudits pleins de sagesses alors qu’avant c’était rien que des petits merdeux qui filaient du mouron à leurs pauvres mères.
– parce que de nos jours, même si t’as pas un rond, tu peux quand même aller voir en concert AC/DC ou les Stones … dans des festoches de tribute bands. Plus économique et parfois même plus qualitatif que les groupes sus-nommés dans leur état actuel !
– parce qu’avec la magie des tournées en hologrammes, tu n’es plus obligé de te fader une séance de spiritisme pour voir chanter ton artiste décédé favori.
– parce que même si U2 sort encore des albums, on a quand même le soulagement de savoir qu’ils seront de moins en moins nombreux !
– parce que le rock a cessé d’être le style numero uno pour redevenir underground et c’est bien ainsi qu’il se porte le mieux.
– parce que, ce qui compte in fine, c’est de soutenir les groupes du moment et de dénicher aujourd’hui le « c’était mieux avant » de demain.
Et sirotez donc notre playlist du jour pour étayer notre dernier point.

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